Avant le peuple, l’individu comme grande idée ou : la façon perso

Fred Lemire — Dessin
Dessin : Frédo

Dernière mise à jour : 26 octobre 2022


On parle un peu partout d’indépendance des peuples, souvent même de façon très stratégique, afin de trouver comment les dégager des carcans qui les enferment, mais aussi, déjà, comment les rassembler, les unir, ces fameux peuples, en actions fondatrices d’eux-mêmes.

Pour commencer, je suis le premier à être d’accord pour dire que plus petit, c’est mieux. Et en réseaux.

Mais combien plus petit ?

Et . . . si le dénominateur commun était l’individu ? Et si c’était ce qui nous unissait ?

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Le subjectif a longtemps été mis de côté par une science qui se voulait unique de par son objectivité mais qui a négligé le fait que la réelle objectivité inclut aussi les subjectivités.

De même le moi est-il devenu, sous la plume de mora­listes douteux, égoïste par nature. Et l’individu — pas­sible d’individualisme, bien sûr, chose impardonnable !

La politique telle que pratiquée aujourd’hui dans la plu­part des parlements du monde est . . . intéressante . . ., mais . . . comme il peut être intéressant de regarder par le mauvais bout d’une lorgnette ; les gens vus à travers elle semblent tellement petits !

*

Si la société actuelle est si divisée, n’est-ce pas, peut-être, justement parce qu’on prend la lorgnette par le mauvais bout ? Qu’on pense ne pouvoir assurer aux in­dividus la sécurité qu’à travers un « État », archétype du groupe uni, « civilisé » — mais aussi rendu inerte et, de là, corruptible ? Ne faut-il pas, au contraire, pour ob­tenir des associations qui soient véritablement libres et significatives, et surtout vivantes, partir, fondamenta­lement, des personnes qui en sont constitutives et tenan­cières et leur donner les outils de navigation et de tra­mage des constellations sociales de demain ?

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Dans la grande société où je m’imagine vivre heureux un jour, j’aurais un juste pouvoir sur ma vie, je pour­rais, mieux qu’actuellement, y planifier mes expé­riences, mon parcours, bref, ma destinée. Ce serait une société de proximité où mon entourage serait le fruit de choix identiques ou réciproques. Ma vie, pour ainsi dire, y serait enchâssée dans une continuité constam­ment communiquée et optimisée (agencée et réagencée localement), constituée de modes de vie divers, respec­tueux les uns des autres et, avant tout, . . . des personnes.

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Les peuples véritables sont, il me semble, subordonnés à l’individu, aux individus, et non l’inverse. Un véritable peuple ne pourra émerger, me semble-t-il, que de la libre association d’indivi­dus qui se seront mis ou trou­vés d’accord dès le départ, avant même la formation de chacune de leurs associa­tions — et qui peuvent changer d’association ou se réagencer à tout moment.

Cette vision — qu’on pourrait appeler la façon perso — a l’avantage de pouvoir séduire la pensée que j’entends à gauche selon laquelle on ne doit laisser personne der­rière — de même que celle que j’entends à droite, qui encourage la réussite individuelle.

Pourquoi d’ailleurs la réussite individuelle devrait-elle se faire au détriment d’autrui ? Il y a bien sûr d’autres façons de faire, plein de façons de faire, et du gagnant-gagnant, à part ça ! La beauté de fonder la société sur la personne, c’est que ça institue de facto une justice uni­verselle : si on prend soin de chaque personne et de ses rêves, on la protégera du même coup de ce qui peut lui porter préjudice.

D’aucuns trouveront cela radical ; je ne les contredirai pas : je souhaite en fait voir neutralisées, voire rendues obsolètes les racines corrosives de la doctrine qui veut qu’il y ait des gagnants et des perdants : le décapant capitalisme.

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Soit dit en passant . . .  On dit la droite individualiste, mais elle mène souvent à du collectivisme !  Une grosse compa­gnie dont tous les profits vont au sommet de la pyra­mide hiérarchique, cela ne vous rappelle-t-il pas, étran­gement, les sociétés d’insectes ?

Et une fourmi, . . . c’est pas ce qu’il y a de plus individua­liste, quoiqu’en dise la fable !

*

Mais revenons à nos moutons. Les peuples qui acquièrent leur indépendance, délimités par des fron­tières plus ou moins arbitraires et des constituants plus ou moins passifs, accoucheront de peuples sans doute plus significatifs que la masse dont ils s’extraient, mais ils resteront compromis à proportion de leur immensi­té même. Autrement dit, leur unité sera d’autant plus factice qu’ils seront populeux.

Les étages décisionnels, la représentation des masses, les agglomérations, les cloisons, les comités, les sous-comités, la mauvaise communication, les tentations et les menaces venant de groupes occultes, la corruption, la dictature de la majorité pour commencer (fût-elle une majorité très forte) : autant de bris dans le tricot social qui finira à la longue par tout se détricoter et s’emberlificoter.

*

Qu’il soit impératif de former une unité à aussi grande échelle est une vision qui date, telle est mon impression du moins, du temps des royaumes, lesquels avaient besoin d’armées, de champs de ci, de ça, d’industries, de main d’œuvre en masse . . .

On n’a pas besoin de tout ça pour vivre. Ça peut être beaucoup plus simple. Les fruits poussent, on les cueille, on se fabrique des maisons, on va au magasin acheter de l’encre et du papier, on échange avec ses voisins, on s’apprend des trucs, on s’amuse et on rigole comme on peut — parfois même plus —, on prend soin les uns des autres et de nos forêts, nos lacs, nos jardins, nos ateliers, nos œuvres, on communique . . .

Qu’a-t-on besoin des armées ? Des polices ? Des « gou­vernements » dont l’hégémonie s’étend sur d’énormes territoires ? Qui jouent gros et dur, à leur titanesque ni­veau, sur la scène internationale ? (Jeu, fort malheu­reusement, que presque tout le monde joue, à différents degrés, en ce début de troisième millénaire qui à la fois s’éveille, prétendument, et tout aussi assurément court à la catastrophe. — Que va-t-il se passer ?)

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Même la gauche mainstream, cette gauche qui se dit pourtant progressiste, jusqu’à maintenant, a surtout maintenu l’attention sur le fait que la solution passait par le groupe, par le regroupement, et ne s‘est attardée que très discrètement, que très abstraitement, voire négativement ou de façon réductionniste, à l’individu, c’est-à-dire en tant que masse ou catégorie : « les pauvres », « les travailleurs et travailleuses », telle ou telle minorité, le peuple, etc.

J’ai peur que l’on passe ainsi — et un peu trop vite — à côté de quelque chose d’essentiel et de primordial, phi­losophiquement parlant : la personne.

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Les dauphins, les chiens, les éléphants sont-ils des per­sonnes ? L’être sensible, bien entendu, est au cœur de cette primauté et mérite reconnaissance. Nous pour­rions peut-être nous entendre pour entendre par le mot de personne : « être communicant » ; cela s’accor­derait en tout cas avec l’étymologie du mot, car :

(. . .) « personne » vient du latin persona, terme lui-même dérivé du verbe personare, qui veut dire « résonner », « retentir », et désigne le masque de théâtre, le masque équipé d’un dispo­sitif spécial pour servir de porte-voix.

universalis.fr/encyclopedie/personne

*

Il me semble évident que les associations d’individus — entre toutes les choses qu’il est possible de faire — se doivent d’être bien faites, c’est-à-dire en ce cas par le libre et préalable assentiment des individus eux-mêmes, éclairés des possibilités imaginables et des li­mites empiriques.

Aller dans l’autre sens, prendre par exemple un en­semble X d’individus (vivant sur un territoire Y, met­tons) et établir qu’une majorité Z dictera la norme, c’est, il me semble, rater la cible de très loin. C’est se condamner à considérer les personnes comme des troupeaux qui doivent être guidés et . . . exploités. Mais nous faisons bien plus que peupler, ici-bas ! Nous tis­sons, nous tressons des relations qui, mises toutes en­semble — constituent ni plus ni moins que le monde !

Nous ne percevons pas tous aussi bien cette contradic­tion, mais, depuis la venue des réseaux sociaux, nous la percevons de mieux en mieux — malgré les tentatives désespérées du vieux système pour se maintenir, à coups de mensonges, de propagande, de cancèlations et de frayeurs montées de toutes pièces.

Mais le vieux système hégémonique pourrait tout aussi bien se rompre net sur cette ligne de faille même, de par l’éclosion d’outils et de pratiques qui remettent l’individu au centre. Tous les individus.

*

L’individu, la personne, toutes ses possibilités, finies et pourtant infinies, ses merveilleuses et tragiques sensi­bilités, son histoire live, n’est-ce pas ce qu’il y a de plus fascinant, attendrissant et potentiellement grandiose ?

*

Il me semble bien que si on partait de l’individu plutôt que de la collectivité, on aurait une base beaucoup plus solide, d’abord plus riche, plus multicolore, mais aussi moins abstraite, et, on l’imagine, plus compatissante, plus ouverte. Évidemment, il s’agira d’informer les indi­vidus des sociétés mouvantes et clignotantes qu’ils forment réellement et potentiellement entre eux.

Tout en respectant certaines limites, il s’agit, n’est-ce pas ?, d’optimiser nos rêves (il faut bien sûr s’épanouir sans nuire à autrui ; cela demande tout de même un peu de vue d’ensemble : d’écoute, tout d’abord, de sen­sibilité, mais aussi d’audace, d’imagination, une cer­taine sobriété, une bonne diète multidimensionnelle, ainsi que de l’ingéniosité ; et s’épanouir absolument sans autrui, jamais, ce serait quand même un peu dom­mage, non ?) ; de répondre aux besoins, avant toute chose ; puis de voir aux souhaits ; nous regrouper sciem­ment et fluidement selon des paramètres établis par chacun et chacune de nous ; que nos choix, incidem­ment, ne nuisent pas à autrui, aux autres communautés ni à l’environnement . . . ni à . . . (De combien de règles d’or avons-nous besoin, au fait ?)

La façon perso, hein ? — Une approche qui change de l’indi­vidualisme ironique !

*

Mais admettons un instant que cela serait, nos enfants continueront encore quelque temps de naître dans des sociétés qui ne leur ressembleront pas nécessairement et ils se retrouveront dans des situations assez sem­blables à celles que nous connaissons actuellement, avec leurs structures préétablies et tout ce qui en découle : frustration, exclusion, rébellion, etc.

C’est pourquoi, je pense, il faut garantir à tous, et dès l’enfance, une immunité individuelle inaliénable. Ce serait le rôle de l’école ou de l’asternelle d’offrir un lieu pro­pice à l’exploration, à l’orientation et à l’expérimenta­tion auprès de guides-accompagnateurs. S’assurer aussi que les outils de navigation, protocoles, langues, codes et interfaces, ce dont est tissé le monde de l’ère com­municationnelle, soient bien compris et maîtrisés par chacune et par chacun.

*

Renverser la tendance. Plutôt que de nous apprendre à obéir — d’abord aux parents, puis aux professeurs, puis aux employeurs, le tout constamment encadré par les lois écrites et non écrites —, si, au lieu de ça, nous nous apprenions plutôt à découvrir les possibilités qui nous sont offertes, selon nos aptitudes naturelles, nos rêves et nos aspirations, capricieuses comme profondes ?

*

En Islande, en Écosse, au Québec et en France, un peu partout de par le cosmos, on tripe sur l’idée d’écrire des constitutions.

Je me demande si on a déjà — sûrement que oui, à tra­vers tout le Cosmos ! — songé à établir dans une consti­tution la nécessité d’un solide système de communica­tion qui permettrait de soutenir chaque indivi­du dans la construction et les métamorphoses de sa vie ?

Nous sommes ingénieux. Ce n’est pas un défi au-dessus de nos forces que d’établir un tel système ; ce pourrait même être généralement fort agréable !

*

Bien sûr, les habitants d’un même territoire — d’une même planète, mettons — devront se mettre d’accord entre eux quant à l’utilisation des ressources et au maintien de la santé de l’environnement à tous ni­veaux.

Imaginons un instant une « ère communicationnelle » où il y a des outils autodocumentés que des êtres divers et changeants utilisent pour optimiser leurs interac­tions et l’usage de leurs ressources, lieux d’habitation, etc. ; où chacun-chacune peut littéralement concevoir son propre environnement durable ; où l’on est égale­ment en mesure de naviguer aussi librement que pos­sible entre ces environnements ; et où, dernières mais non les moindres, des écoles et des « retraites » four­nissent des lumières quant à l’élaboration, adaptée pour cha­cun et chacune, de voies menant à n’importe quelle : en­vironnement, activité, personne ou chose, existant⸱e ou possible.

Je pense en fait que si chaque environnement, aussi local et aussi unique puissions-nous l’imaginer, était littéralement choisi par ses constituants, chacune et cha­cun d’entre eux, et ne causait pas de dommage aux autres environnements — la règle d’or appliquée aussi aux associations et aux communautés —, on se sentirait bien mieux sur cette planète.

*

Aussi onirique que ce portrait puisse sembler en ce monde d’aujourd’hui qui semble aller à sa ruine, est-ce que l’idée d’un monde communicationnel et émergent n’est pas à tout le moins une avenue intéressante à har­diment, sérieusement, considérer et tenter ?

En fait, si nous ne nous entre-détruisons pas complète­ment avant d’arriver à le mettre en place, ce monde communicationnel, nous disposons sans doute, sur cette planète particulière du cosmos, de beaucoup, beaucoup de temps pour perfectionner et diversifier une sorte de permaculture multidimensionnelle inté­grée, émergente, ouverte, viable, globale, sans oublier bariolée, veillant à l’innovation, au maintien, à la res­cousse, à la contemplation . . .

*

Les véritables peuples sont unis. Les véritables peuples foisonnent et sont divers. Ils ne sont pas nécessaire­ment grands et se trouvent d’ailleurs mieux petits. Ils s’associent et se réassocient constamment ; ils évo­luent, librement, diversement. Solidement et fluidement. En toute intégrité, en toute conséquente fluidité éclai­rée. Bien sûr, ils doivent se communiquer, disposer d’outils communs, ou du moins d’un « protocole d’arri­mage communicationnel » . . . c’est-à-dire, à la base, se parler et s’écouter, tout simplement.

Il m’apparaît comme une évidence qu’il serait en fait très intéressant de nous doter d’un système qui veille­rait au bien-être et au développement de chaque indivi­du, de lui tendre la main, de l’aider au maximum dans son autodétermination, son développement, ses forces et ses loisirs. Plus, si affinités.

*

L’arrivée de l’internet a ouvert une fenêtre sur une ère de nouvelles possibilités sur le plan des communica­tions. Il faudrait peut-être s’empresser de saisir cette occasion pour retisser la société par la base à l’aide de ce puissant outil — avant que la fenêtre se referme !

Ça se trame en ce moment même, je dirais.

Cela peut se faire sans l’internet, bien sûr (et ça serait sans doute moins rasoir, tiens : un internet en car­ton ?), mais le feu est pris dans la baraque et une solu­tion rapide doit être prise. Les temps sont plus que mûrs !

*

Tout système aura contre lui sa propre étroitesse. Mais un système qui vise le bien-être de tout individu peut-il être appelé étroit ?  N’est-ce pas au contraire l’élargisse­ment que tout individu attend ?  À quand une belle una­nimité là-dessus ?

*

Il est dans la nature du « pouvoir sur » de dominer, de contrôler, de standardiser, d’uniformiser, de limiter, de robotiser, bref, de déshumaniser afin de pouvoir utili­ser, voire détruire, jeu auquel il n’y a pas vraiment de gagnants. Nous pouvons faire bien mieux que cela en cultivant et libérant le « pouvoir de ».

Un certain « pouvoir » s’est concentré dans les mains de quelques-uns. Mais le pouvoir est une chose à réexa­miner. Qu’est-ce exactement ?  Qu’est-ce, sinon ce que nous pouvons de meilleur ?  Mais bien sûr !

Il s’agit donc, individuellement et collectivement de trouver comment. — Essayons, à tout le moins !

 

Taxonomie-fiction

Taxonomie-fiction
Sarah Laub — Dessin incomplet

Julian leva les yeux de son rapport annuel d’impôts. Un son inattendu avait vibré, juste là, tout près. Ça tenait à la fois d’un bruit de haute tension électrique et de celui d’une fermeture-éclair qu’on ouvre. Et, effectivement, à environ un mètre et demi devant ses yeux ébahis flottait, sans support apparent, une espèce de braguette trans-dimensionnelle contrastant nettement avec le mur derrière elle.

L’ouverture s’agrandit, ondula, et Julian vit avec stupeur une sorte de pieuvre-mutante en sortir avec quelque difficulté. La créature épousseta ses tentacules et en tendit diplomatiquement un vers Julian. Trop incrédule pour avoir peur, Julian le prit et le serra tout aussi courtoisement.

— @∑•··Ÿ ¿, dit la créature.

— … Moi de même !?, hasarda Julian.

— ! hÄ, FrañssÉss ?, se ravisa la créature.

— Mon nom est Julian, dit Julian, en espaçant bien chaque mot.

— MóÂ, c’ëSt Bü-Ww, dit la créature en rejetant coquettement ses cheveux sur le côté.

— … !!!

Bü-Ww promena un regard curieux aux alentours, fit quelques … « pas » dans la pièce, jaugea sommairement le mobilier, gratta pensivement une de ses nombreuses aisselles et revint tranquillement vers Julian.

— Comment s’appeler, ici ? (Nous vous ferons grâce un instant de son insupportable accent.)

— Emm… La Terre ! …La planète Terre ! …

— Non, pas ce niveau, pas planète. Où, ici ?

La créature frisa trois tentacules dans un geste semi-circulaire que Julian interpréta comme voulant désigner la pièce.

— Euh… c’est ma chambre… 13, Barcley Street, cinquième éta…

— Non, non !, s’énerva franchement Bü-Ww en bondissant d’impatience, « Où ICI ? Quoi nom ? »

Cette fois-ci, la créature fit un geste plus large, étendant ses tentacules avec exaspération aussi loin qu’elle le pouvait en faisant de grands cercles.

Julian hésita.

— La Terre tourne autour du soleil, dans le syst…

Notre pieuvre mutante trépigna, se mit à gonfler les joues et à noicir d’une façon menaçante ; elle crispa deux tentacules devant elle et mima, en miniature, et très intensément, presque rageusement, un Big-Bang suivi de plusieurs milliards d’années.

— Bon, bon !, s’apeura Julian. « Le plus que je puisse dire, c’est qu’on est … dans le cosmos, l’univers, le… l-la… — enfin… »

La créature se calma, recouvra sa teinte gris-vert et prit même un air aimable, puis sortit de nulle part un petit calepin écorné et se mit à en tourner patiemment les pages ; chacune d’entre elles était chargée de colonnes de hiéroglyphes soigneusement tracés. Bü-Ww produisit un crayon, le tailla minutieusement avec son joli bec nacré et se mit à écrire avec application.

— Ú-ñÑÍ-vëHrrrs. Vô-Âh-lâhhH !

Bü-Ww hocha la tête avec contentement, referma son carnet, l’empocha — remonta dans la fente et lança un joyeux « Mëërtsi bÿôkWoo ! », avant de se zipper dans l’au-delà.

Remise à flot du navire & Prodjectsss

Quand, au mois de novembre 2015, j’ai lancé La Tramice sur les flots, je croyais que ce projet allait si vite enthousiasmer tellement de personnes, qu’un équipage allait illico presto et bin hardiment se former et venir en garnir la passerelle. C’était au fond ma motivation principale : qu’une collaboration étroite, vivante et locale allait se manifester autour du journal, et bientôt aussi autour de maints trop cool prodjectsss au sujet desquels il me faut à tout le moins écrire, ce que je me propose de faire en ces pages au fil du temps, la présente en offrant une vue d’ensemble succincte.

Mais . . . la chose espérée, la collaboration étroite, ne s’est pas tout-de-suite-tout-de-suite manifestée. J’ai tout d’abord un peu, disons, mordu la poussière d’un récif, non-événement réduisant quelque peu à néant mon bref élan initial, qui n’aurait duré qu’une saison : sans équipage, La Tramice n’était qu’une épave, un trop lourd poids à porter — et . . . qu’étais-je devenu moi-même ? J’ai lu dans ma cabine et regardé des films en streaming . . . pendant six mois ! La vie, oui, mais en virtuel . . .

Faire équipe ne m’a que peu été donné. Je ne suis pas un fan du marketing ni de l’administration. Les demandes de subventions non plus, ce n’est pas mon fort. C’est pas évident de trouver des allié⸱e⸱s, surtout quand on n’a pas d’argent à leur offrir — que des idées propres à rendre ce dernier désuet. Hum . . .  Quelle ironie ! . . .

Avec ça on reste en ville dans l’espoir de s’y faire des alliés⸱es, mais les révolutionnaires des villes ont la bougeotte, ils⸱elles veulent en sortir aussitôt que possible, s’établir en quelque lieu plus bucolique, et dès qu’ils⸱elles trouvent avec qui le faire, ils⸱elles le font ! Il doit bien en rester en ville, mais les rares personnes que je cherche, il semble qu’il me faille aller à l’aventure les débusquer, et cela peut prendre des années pour les trouver, par-delà les monts et les merveilles qu’on nous fait miroiter.

Et moi qui ai des projets quand même assez définis . . . ! En plus, j’ai besoin de sentir des atomes crochus avec d’éventuels alliés⸱es. Suis-je si difficile ? Je ne crois pas. Ô, destin solitaire que le mien jusqu’à présent, moi qui pourtant rêve de communauté ! Et ce n’est pas faute d’avoir essayé !

J’ai envie de mettre ce vieux disque de circonstance…

« Les copains des perrons aujourd’hui dispersés… » ~ paroles tirées de Frédéric, chanson de Claude L’Éveillé (https://youtu.be/lsK8KGLTCJU) — C’est cette chanson qui a inspiré mes parents à me donner ce nom que je porte encore aujourd’hui. (Quoique, la plupart du temps, je préfère une version abrégée : Fred ou Frédo.)

Bon, c’est trop injuste et tout le tralala, mais La Tramice, journal de l’ère communicationnelle, ça reste une bonne idée de marketing en soi — d’ailleurs, pour trouver du contenu au journal, ça, pas de problème ! Plein d’articles sont rentrés. Je me pratique avec cet article-ci pour commencer, je suis encore à trouver les bons outils. Malheureusement, il semble qu’un iPad, même avec le flot d’applications disponibles, ne soit pas, pour le moins, un outil hyper-facilement maniable pour la mise en page et l’édition. ^^

Quant au journal et aux éventuelles équipes, il faut juste persévérer. Ça me remettra toujours bien sur les rails de l’édition, ce qui est une très bonne chose, personnellement, car je souhaite depuis longtemps rassembler et reniper mes productions écrites et visuelles en vue de les publier.

*

Permettez que je recense ici les projets, tous ayant un rapport étroit à la communication (une liste qui s’allongera encore, je le sens), auxquels j’ai envie de me consacrer — seul maintenant, mais un jour, je l’espère, au sein d’une équipe, voire de plusieurs ! —, projets que je présenterai avec plus de détails au fil du temps par des articles sur La Tramice — . . . et dont un jour je raconterai, je l’espère également, les progrès. ^^

 

  • Le Projet ARCHIPEL (archives, 1996 ; Alliance pour les Regroupements Coopératifs et Harmonieux selon les Idéaux, les Projets, les Échanges et les Loisirs) ; projet aujourd’hui défunt mais qu’il est certainement possible de ressusciter sous une forme ou une autre. Il s’agissait d’un début de lexique de mots-clés conçus pour utiliser plus intelligemment le Web et de quelques outils simples pour donner vie à ces mots-clés, dont un « navigateur » qui faisait appel à feu l’outil de recherche sophistiqué AltaVista — disparu trop tôt et jamais égalé depuis — pour effectivement naviguer parmi les pages balisées grâce à l’InterCode ARCHIPEL. ^^ (C’était l’ancêtre du projet suivant.)

 

  • Tout bonnement, une « machine à souhaits », un logiciel pour mettre en contact les gens dont les souhaits se répondent, peu importe les langues ou lexiques par lesquels ils s’expriment ; un prototype se trouve ici en code source libre (depuis 2013). Le truc, c’est de décliner chaque souhait de différentes façons et de l’accompagner d’exemples de souhaits qui lui répondraient adéquatement, ces exemples eux aussi déclinés de différentes façons). Pour bien fonctionner, l’algorithme a simplement besoin de beaucoup, beaucoup de souhaits ainsi formulés. Ce prototype n’est qu’une ébauche d’un type de logiciel qui pourrait se retrouver un jour bientôt à la base d’une économie du don, c’est-à-dire inspirée par les besoins — et les souhaits ! Alliée à une interface graphique qui faciliterait en beauté l’usage intelligent du langage et de la communication en général, la machine à souhaits pourrait très bien un jour être la killer-app amusante, puissante, affranchissante et qui ouvrirait une ère de créativité et de perpétuel perfectionnement.

 

 

  • Un roman qui décrit les premiers moments de l’ère communicationnelle à travers les yeux d’enfants qui la découvrent.
  • Une bande dessinée d’anticipation qui décrit au nous l’avènement de l’ère communicationnelle.
  • Un jeu de table (fortement inspiré par Le jeu des perles de verre, roman de Hermann Hesse) pour faciliter, visualiser et formaliser les conversations.
  • Un « dialogiciel » pour enregistrer, parcourir, relier et analyser les conversations, les pensées et les idées dont elles sont faites.
  • Qu’en dit Raton ? Une expérience de communication avec des ratons-laveurs via l’usage de symboles et de claviers adaptés.

 

 

Un journal de l’ère communicationnelle me permettra donc, au fil du temps de parler de tous ces projets, idées ou questions qui m’inspirent tout en créant un espace où tous, personnes et groupes, peuvent aussi présenter projets, idées, questions, outils, pratiques, théories, blagues (etc.) relatifs à la communication — et échanger à leurs sujets. Comme je compte le résumer sur la page couverture des prochains numéros imprimés,

La Tramice se veut une plateforme conviviale où tenir une conversation constructive sur les rôles que la communication peut et doit jouer dans notre monde en transition.

À cela, s’ajoutent des événements que je continuerai sporadiquement à tenir à Montréal et ailleurs — et que d’autres aussi pourront tenir si ça leur chante, ici et là dans l’univers :

  • Les tablées de La Tramice (événements gratuits) • Après-midis dédiés à brainstormer, dessiner (illustrations, bandes dessinées), inventer des mèmes, blaguer ou pleurer, philosopher, se partager mille et une découvertes, réflexions, prendre des notes, faire des recherches sur internet, etc. — tout ça avec au cœur et en tête la grande question de la communication — et comme récompense possible, une belle publication de nos productions sur LaTramice.net !

*


Je ne sais pas quand il y aura à nouveau des exemplaires imprimés du journal — c’est tellement plaisant de lire ailleurs que sur un écran ! — mais je vais me concentrer en priorité sur le portail web (en principe, là où vous êtes présentement) :

LaTramice.net

. . . le peupler d’articles mutins, affréter le navire avec quelques bons outils (meilleurs qu’un iPad ;^P), enfin annoncer, puis entamer la deuxième étape du périple !

Bienvenue aux partenaires en tous genres dans cette aventure !

En passant, le rythme de publication ne sera peut-être pas tout de suite celui, un peu effréné il est vrai, que j’espérais au départ, mais . . . ça va s’tramer tranquillement, mon truc ! 😉

Fred Lemire · (Fred.Lemire@LaTramice.net)
alias Frédo

fondateur de La Tramice,
journal de l’ère communicationnelle

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