Aspects psychologiques et spirituels de la communication

N.B. Les propos tenus dans le présent article ne reposent sur aucune théorie en particulier, sauf la mienne. Ils reflètent les conclusions que j’ai tirées de mes vingt-cinq ans de pratique professionnelle en tant que psychologue et d’une longue pratique personnelle de la spiritualité telle que je la décris ici.

Chaque jour, chacun et chacune de nous entretient une relation avec lui- ou elle-même, communique avec des semblables et tisse des liens avec son entourage. La plupart du temps, cependant, nous n’en sommes pas pleinement conscients.

L’objectif principal de cette chronique, mettant aujourd’hui l’accent sur les aspects psychologiques et spirituels de la communication, vise à nous sensibiliser sur l’importance de demeurer attentifs à tout ce qui se passe en nous et autour de nous, si nous voulons réellement communiquer avec notre entourage et cultiver ainsi de belles relations qui enrichiront notre vie.

Par aspect psychologique, j’entends tout ce qui sous-tend, concerne et forge notre personnalité, c’est-à-dire les circonstances de notre naissance, le personnage qui nous tient lieu d’identité, ses attributs, les rôles qu’il joue et les comportements qu’il émet par l’entremise de l’ego* pour développer notre individualité et nous permettre de devenir « quelqu’un » (nos ambitions, intentions, perceptions, dispositions personnelles, notre psychisme, nos attitudes, sentiments, émotions, connaissances, croyances, valeurs, comportements) et les liens qu’il tisse et entretient avec son entourage, entre autres via le langage.

* Ego : constructions et perceptions mentales qui portent l’humain à se mettre au centre de tout.

Quant à l’aspect spirituel, il ne réfère pas, ici, à l’expression d’une quelconque religion qui aurait pour but de nous élever hors du monde matériel et de nos sens — niant l’ici-bas pour un au-delà —, mais plutôt à l’êtreté, c’est-à-dire au simple fait d’être là, en pleine conscience, dans l’immédiateté concrète de notre corps et de la réalité de ce qui nous entoure, mais sans identification à l’ego, donc sans mots, sans buts, sans calculs, sans jugements de valeur, sans à priori, dans l’aperception la plus complète de ce qui est et dans une grande compassion à l’égard d’autrui.

L’aspect psychologique correspond à l’horizontalité de notre personnage, lequel se démène au sein d’un espace-temps bien défini afin d’atteindre ses buts. L’aspect spirituel, lui, correspond à la verticalité, assimilable à un moment de grâce ou de plénitude où le temps s’arrête et se creuse pour créer un nouveau mouvement, intérieur — vertical —, provenant des profondeurs de notre être conscient d’être là.

Dans le présent article, j’aborderai globalement la communication — soulignerai son importance — et évoquerai quelques-unes de ses composantes, ainsi que certaines des difficultés qui lui sont inhérentes.

Pourquoi s’intéresser à la communication ?

Parce que la communication constitue un phénomène absolument fondamental du point de vue social et spirituel. Elle est le prétexte ou, si on préfère, l’ingrédient de base, le moteur et parfois même la finalité de nos relations.

Pour parler de la communication du point de vue psychologique (ou social), j’emploierai le terme « communication intentionnelle » et, pour traiter de la communication du point de vue spirituel, j’utiliserai indifféremment l’une ou l’autre des expressions suivantes : « communication directe » ou « communion ».

Sans communication intentionnelle, il n’y a pas de société possible, car sans échanges avec autrui, il n’y a pas de regroupements : pas d’affiliations politiques, culturelles, professionnelles ou sportives ; pas de rencontres amicales, amoureuses ; pas de vie familiale, pas d’argumentations, de négociations, de mises au point et de remises en question ; pas de prises de conscience, de mea culpa, d’accords ni d’ententes, donc pas de progrès personnels.

Sans communication directe, sans communion, il n’y a aucune chance de connaître l’amour inconditionnel (qui ne se vit qu’en l’absence de l’ego), d’éprouver de la compassion et de ressentir une joie durable. Sans communion, donc, impossible de faire l’unité avec soi, avec l’autre, avec le monde dans lequel nous vivons ni, à fortiori, avec l’univers, le cosmos !

Communiquer intentionnellement, que ce soit pour informer, sensibiliser, se distraire, exprimer ses sentiments, chercher à convaincre, à s’affirmer, à mieux se comprendre ou même pour converser tout simplement, est un acte quotidien qui implique au moins deux personnes (un émetteur et un récepteur), un message, un lieu et un lien (ou canal de transmission).

Communiquer directement, communier, peut se faire seul(e) (de soi à Soi*) ou avec d’autres, possiblement (et d’autant mieux) dans le plus grand silence. Seules sont requises : l’attention bienveillante, la présence (à soi et aux autres) et la conscience.

* Soi : le Soi avec une majuscule, c’est notre nature essentielle, qu’on peut aussi appelée Être, Essence, Présence, Âme…. C’est ce qui existe et veille sous notre personnalité.

Notons ici que la communication directe détruit la cloison entre les niveaux du psychologique et du spirituel, en ce sens que la communion entre deux êtres se vit sans ego, dans l’acceptation inconditionnelle de l’autre. Nous aurons l’occasion d’en reparler dans d’autres articles.

Toute communication, qu’elle soit intentionnelle ou directe, présente deux aspects : un contenu et une relation.

Ce qu’il y a de propre à la communication intentionnelle, c’est que notre message, en plus de transmettre de l’information, est motivé par une intention et induit un comportement.

La communication directe, elle, se fait spontanément, souvent en l’absence de mots, et sans viser de buts.

L’information (en ce qui concerne la communication intentionnelle) et l’amour (en ce qui concerne la communion) sont le contenu (le message), tandis que la manière dont nous transmettons ou recevons le message et les conditions dans lesquelles nous les transmettons constituent la relation.

La communication intentionnelle idéale a lieu entre personnes psychologiquement saines et bien intentionnées qui échangent adéquatement, dans des conditions optimales, sur un sujet précis, dans le but de trouver une solution, d’arriver à une entente ou d’améliorer la compréhension du sujet en question ou des personnes en présence.

La communion des êtres se produit spontanément, sans à priori.

La communication est un processus complexe

Bien communiquer, que ce soit socialement ou spirituellement, n’est pas toujours simple, même entre personnes bien intentionnées.

Les obstacles peuvent survenir

  • de l’émetteur,
  • du message,
  • des circonstances dans lesquelles il est transmis,
  • du receveur,
  • et de la relation entre l’émetteur et le receveur.

Notons ici que les obstacles à la communication directe procèdent d’un manque d’êtreté (défaut d’être là en toute conscience), donc d’un manque d’attention, d’un manque de lâcher-prise, d’un manque de simplicité ou d’un manque d’amour.

Limites des interlocuteurs (émetteur et receveur(s))

Lors d’une communication intentionnelle, les interlocuteurs, même s’ils sont bien intentionnés, peuvent présenter plusieurs lacunes ou traits de caractère nuisibles à une bonne communication.

Ces problèmes sont susceptibles de se retrouver autant chez l’émetteur que chez le(s) receveur(s).

Nous parlons ici de problèmes intrapersonnels.

Ces derniers peuvent être d’ordre

  • physique : indispositions, difficultés d’élocution, problèmes auditifs, sous l’effet de l’alcool, de narcotiques ou de stupéfiants, etc. ;
  • intellectuel : manque de connaissances, de vocabulaire, de jugement, etc. ;
  • culturel : présence de croyances, préjugés, racisme, etc. ;
  • psychologique : manque de confiance en soi, de flexibilité, d’ouverture, troubles anxieux, paranoïdes, dépressifs, mégalomanie, névrose, etc.

En ce qui concerne la communion, les difficultés viennent toujours de l’incapacité de l’un ou de l’autre des interlocuteurs de vivre pleinement l’instant présent sans à priori.

Problèmes provenant du message

Le message peut susciter peu d’intérêt chez l’un ou l’autre des interlocuteurs, il peut manquer de clarté, de pertinence, de transparence, être biaisé, incomplet, partisan, trop long, mal défini, etc.

En ce qui concerne la communication directe, il peut y avoir absence de message, c’est-à-dire absence d’amour.

Problèmes provenant des circonstances dans lesquelles est transmis le message :

Le moment ou le lieu de l’échange peuvent être inadéquats, le temps alloué trop court, l’acoustique peut être mauvaise, il peut y avoir présence de bruits ou d’éléments perturbateurs, etc.

Problèmes relatifs à la relation entre l’émetteur et le(s) receveur(s)

Il s’agit ici de problèmes interpersonnels.

Les empêchements interpersonnels peuvent correspondre à des différences de point de vue, à des antipathies naturelles ou au contraire à une trop forte attirance ; ou encore à des circonstances défavorables : existence, entre les interlocuteurs eux-mêmes ou entre des membres de leur famille ou de leurs amis, de souvenirs ou de traumas dus à des expériences antérieures désagréables ou à des luttes de pouvoir. Les empêchements interpersonnels peuvent aussi résulter de la mauvaise foi de l’un ou l’autre des interlocuteurs, de leur manque de réceptivité, d’empathie, d’ouverture, d’amour, de conscience.

La conscience constitue, selon moi, le ferment essentiel de toute vraie communication.

Nous avons ici tracé les grandes lignes des communications intentionnelle et directe. Dans d’autres articles, nous étudierons plus à fond certains aspects de l’une ou de l’autre de ces formes de communications.

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