le dialogiciel
Et . . . si nous nous rencontrions
. . . là où l’on ne s’attendait pas ?
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Les espaces de véritable dialogue sont très rares, de nos jours. Pour ne citer qu’un exemple, ce sont surtout les gens qui votent « à gauche » qui lisent les journaux et les articles dits « de gauche » ― et surtout les gens qui votent « à droite » qui lisent les journaux et articles dits « de droite ».
Pire : malgré les fourmillants réseaux sociaux virtuels auxquels nous avons maintenant accès, il semble parfois difficile de trouver des lieux où l’on sait encore débattre intelligemment. Beaucoup tombent ― aussi rapidement que toujours, sinon plus ― dans des raccourcis, des généralisations et des sophismes de toutes les formes et de toutes les couleurs, tous les créatifs agencements.
Je m’avancerais même jusqu’à dire que nous vivons désormais, à certains égards, dans une société du mépris. On peut vivre ainsi, un temps, mais c’est la dislocation qui nous guette, alors, et même la guerre — c’est-à-dire, à terme, notre autodestruction. Car le mépris n’engendre que davantage de mépris.
Il me semble pourtant essentiel que nous nous remettions en question, que nous relativisions et revisitions, et considérions avec un regard neuf, et peut-être même différent, le point de vue d’autrui — de même que le nôtre — pour que puisse même exister quelque harmonie que ce soit entre les êtres complexes et changeants que nous sommes.
Il nous faut trouver un terrain, un modus plus viable — il en va de notre survie en tant qu’espèce.
Il y a bien les forums virtuels, mais leurs représentations et leurs structures, hiérarchiques, linéaires, rendent le dialogue rapidement difficile à visualiser, à explorer et à entretenir comme le jardin permaculturel qu’il devrait être. Les paroles coulent et s’envolent, mais les idées sont vivantes et foisonnent. Ce sont choses qui s’interconnectent, qui s’entretiennent !
Ne pourrions-nous pas aisément imaginer un espace de dialogue plus convenable ? Déjà, imaginons un wiki dont les pages auraient la forme suivante :
Ainsi, les pages (les idées) se répondraient les unes les autres de la façon la plus libre qui soit, dans un réseau « méta-hiérarchique ».
Ici, une « réponse » pourrait être : un commentaire, une question, une véritable réponse, une opposition, un appui, un enchaînement intéressant (les chaînes de pages seraient elles-mêmes visibles sous forme de page, tous les titres alignés sous un grand titre — idem pour les ensembles, ou catégories). À cela pourraient se rajouter des qualifications (des tags — les ensembles étant les collections de toutes les pages qu’un tag qualifie), une évaluation . . . que sais-je encore ?
Ce dialogiciel pourrait être doublé d’un « moteur d’émergence » ou émergiciel qui permettrait de :
✦ déceler les raisonnements circulaires ou infondés (défendons-nous des pseudo-dialogues d’idéologues goguenards dérogeant grave à la gaillarde logique ! ;^)
✦ découvrir comment deux positions apparemment inconciliables trouvent des solutions qui les satisfont toutes les deux, tissant ainsi des ponts vers de possibles résolutions et réconciliations ;
✦ visualiser quelles sont les idées les plus appuyées ou celles dont les appuis augmentent le plus rapidement ;
✦ s’assurer que chaque argument apporté soit au moins considéré — trop souvent, on glisse facilement par-dessus des arguments qui ne vont pas dans le sens que nous souhaitons, même s’ils sont solides ;
✦ faciliter le consensus fractal ; si nous divergeons sur certains points, nous pouvons tout de même nous trouver d’accord sur d’autres : ce serait dommage de perdre les belles collaborations possibles ;
. . . et plein d’autres trucs encore.
Il nous faudrait aussi une belle petite interface qui nous permette d’y naviguer intelligemment et qui nous présenterait, pour chaque élément, un panorama des aspects possibles à considérer.
Pour bien gérer tout ce contenu, d’ailleurs, il faudrait pouvoir dater et, au besoin, associer chaque intervention à un utilisateur particulier tout en permettant, dans certains cas, les interventions anonymes. Il serait bien aussi qu’une équipe de modérateurs puisse, avec transparence entre eux, filtrer les interventions — afin d’éviter que les flammes et les braises par trop ardentes débordent du foyer !
Sûrement encore beaucoup de réflexion à faire là-dessus . . .