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Un tableau noir fraîchement lavé à grande eau, qui sèche lentement. Si vide ! Si noir ! Une infinité complètement folle de dessins y sont possibles, infinité que le moindre trait de craie — réduirait de façon drastique.
Cet infini que le vide permet !
On peut, si on veut, à loisir y élaborer des hypothèses et y inventer des histoires, y laisser pousser des fleurs de lumière et vivre et évoluer des animaux bariolés fantastiques. Toutes les histoires . . .
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Mais chacune de ces histoires, prise pour la vérité exclusive, aurait le potentiel de nous séparer les uns des autres, voire d’être source de conflits, ouverts ou latents.
Heureusement, il y a l’éponge et l’eau.
Je propose de lancer un mouvement. « Tu crois en quelque chose ? Dis-le clairement ! Quels passages ? Quels versets ? Lesquels ne t’inspirent pas ? »
Tu diras peut-être que les religions n’accepteront jamais de participer à un tel mouvement — et je te répondrai probablement alors que je pense que tu as sans doute quelque raison.
C’est pourquoi je ne m’adresse pas ici aux institutions religieuses ― mais aux individus.
Tu ne penses pas que ça serait quand même bien, un peu de clarté ?
Je parie en plus que la plupart des passages sélectionnés dans les livres sacrés d’une multitude de religions et d’embranchements . . . se recouperaient et se ressembleraient énormément. Je pense qu’il existe, oui, une sagesse populaire méconnue, voire virtuellement inconnue . . . simplement parce que non recensée !
Il ne s’agira pas, bien sûr, de prendre cette sagesse à son tour en idole et d’en faire une énième religion (surtout pas !) — mais bien, au contraire, de continuer à mettre le focus sur les valeurs personnelles — tout en les partageant et tout en continuant à respecter les différences.
Oui, nous ferions mieux, je crois, de bénéficier de toutes les sagesses, de partout dans le monde, de tous les individus ― qui se prononcent sur les questions spirituelles, évidemment.
Et cela pourrait, oui, devenir une nouvelle spiritualité : celle du respect de l’individu, de la vie — et de qui sait combien d’autres sagesses ? Ou simplement, peut-être, celle d’une manière de vivre . . . respectueuse de la vie ?
D’après moi, cela passera par des moyens qui seront en eux-mêmes des fins : c’est-à-dire des outils et des pratiques que nous nous donnerons ― et qui changeront la vie pour le mieux du simple fait de s’y exercer.
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Se pourrait-il qu’un grand tronc de valeurs communes un jour émerge, pour peu qu’on se donne la peine de les recenser, une à une, dans leurs essences ?
Se pourrait-il que bien des idées se retrouvent déjà, en substance — mais simplement énoncées différemment —, dans plusieurs livres sacrés appartenant à des traditions des plus éloignées dans le temps et l’espace ?
Un grand corpus littéraire œcuménique émergera-t-il un jour du simple inventaire, dûment cartographié, des idées variées que nous préférons individuellement ? Cela deviendra-t-il un jour un nouveau livre sacré, un de plus ?! Un livre sacré . . . dynamique, émergent ?!
Dieu seul le sait ! (Mais le Diable s’en doute.)
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Qu’est-ce qui est sacré ? Est-ce que ça n’a pas toujours été notre vie, celle de nos êtres chers, nos plaisirs, nos bonheurs, nos semblables, les leurs, ultimement tout ce qui est fragile mais tellement préférable de conserver ?
Oui, bien sûr. Et c’est bien certain également que plus une chose est sacrée, plus son sacrifice sera grand !
Mais de là à faire d’un tel sacrifice LA chose sacrée ! Ce serait un complet renversement de ce que nous avions pourtant tenu pour sacré, rien de moins !!!
Je crois que l’on devrait s’assurer que le domaine dit du « sacré » ― parce qu’il est possible de tout déformer ― puisse toujours et en tous lieux être remis radicalement en question et que l’expurgation volontaire de certains versets venant de livres tenus pour tels mais allant d’une façon ou d’une autre à l’encontre des droits et libertés de la personne et de la vie sur Terre . . . serait en fait une marque de conscience honorable et un pas de plus vers quelque chose de véritablement sacré.
M’est avis que l’expurgation textuelle est en outre la seule façon définitive de calmer les gens qui vouent aux gémonies — ou simplement ceux qui trouvent de mauvais goût — les croyants qui professent leur foi en des livres contenant, en quelque coin ou recoin, quelque infamie.
Je vous le dis en toute bienveillance : allons, désengluons-nous donc des fatras patentés auxquels nous nous sommes, peut-être, littéralement livrés corps et âmes sans assez de discernement, les couvertures de certains livres ayant à la fin agi pour nous exactement comme des œillères, la « Vérité Ultime » s’étant trouvée pour nous entre elles — et nulle part ailleurs ici-bas ! Allons, extrayons les perles de la boue, soyons éclectiques — et pensons donc avec nos propres têtes, nos propres cœurs, pour commencer !
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L’on peut craindre par ailleurs, et avec raison, à laisser s’implanter dans nos communautés toute espèce de valeur qu’il est possible d’imaginer, que des valeurs ignominieuses trouvent à s’y implanter.
Mais si, en priorité, on assure globalement et effectivement à l’individu (ainsi, bien sûr, qu’au bien-être de l’environnement nécessaire à la survie de la vie même) une immunité inaliénable, le danger subsiste-t-il ?
Il me semble que non.
Bon, oui, vivre, on en meurt. Mais . . . si on se donnait, tiens, un sacré bon coup de main entre vivants ― comme le professent déjà en essence les religions qui comptent aujourd’hui le plus grand nombre de fidèles ??
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Après cela, cessons de juger nos voisins d’après les endroits d’où ils viennent et des religions qui y existent et parfois ― y règnent. Cela, comme tous les amalgames, mène à d’abominables approximations, vraiment.
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Les idées qui respectent et favorisent les personnes ont du sens pour bien des gens.
Nous pourrions même pratiquement, grâce à des algorithmes que nous pourrions appeler émergiciels, les laisser, ces idées, s’assembler d’elles-mêmes, de fil en aiguille, simplement en nous communiquant nos désirs, affinités, informations de toutes sortes . . . et en laissant émerger des liens logiques, des complémentarités, des actions, puis rétroactions, débats, décisions, entreprises, participations, communions sans nom — à l’infini ; tout ça tout de même minimalement endigué dans la large turbine de nos principes inclusifs et écologiques !
Je propose de les prendre ainsi, les idées, les façons : à la carte, et façon perso — plutôt qu’en assemblages patentés que d’aucuns voudraient nous léguer tout ficelés . . . et pour les siècles des siècles !
Allons-y à la pièce, allons-y clairement, explicitement, chirurgicalement.
Libérons les idées ! Choisissons nos versets !
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Et s’il suffisait de crier « ciseaux » ?
En tout cas, moi je le crie !
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